Et voilà, Adriano rangea sa baguette dans la poche prévue à l’intérieur de son blazer. Les premiers mots qu’il écrivait sur un tableau noir en tant qu’enseignant. Il avait toujours été un élève, d’abord avec son précepteur, pour apprendre les bases de la grammaire, de la conjugaison, de la syntaxe, des mathématiques, de l’histoire et des langues étrangères, puis à Eterna, l’Institut des Enchantements à Rome et enfin auprès de cet ensorceleur français, créateur de sorts pour le Ministère français. Toujours élève, à apprendre toujours plus, et maintenant il venait de récupérer le bâton de ce relais qu’est l’enseignement des jeunes sorciers, aujourd’hui, à la suite de son frère, il allait former la nouvelle génération. Au placard les vieux cours poussiéreux où on apprend toute l’étymologie du sort, et où la théorie prend le pas sur la pratique. Pour Adriano, rien ne vaut la pratique et il espère bien que les élèves seront réceptifs à sa manière d’enseigner. Pour le moment, il pensait être dans le coup. C’était le premier cours qu’il allait donner, et ce n’était pas n’importe lequel, c’était un cours sur les Enchantements et les Illusions, c’était même une section entière de cours pour les 6ème et 7ème années, tous en spécialisation de sortilèges pour leur ASPIC. Adriano, qui était nouvel enseignant, allait devoir assurer, il s’en voudrait si les étudiants n’avaient pas un bon niveau dans sa matière de sa faute.

Pour ce premier cours, il serait assez light, n’entamant véritablement le vif du sujet qu’au deuxième cours, il savait très bien à quel point il était dur pour des élèves de revenir de vacances et de se replonger dans le bain, et puis ce serait aussi l’occasion pour le nouvel enseignant de prendre ses marques. Nouvelle année, nouvel enseignant, que de nouveautés… Pour l’occasion, Adriano avait longtemps hésité sur la tenue à adopter : devait-il choisir une tenue de sorcier traditionnel comme les Britanniques adoraient en mettre, c’est-à-dire une robe de sorcier lourde et au tissu chatoyant, jusqu’à ce qu’il ne devienne rêche par usure, et qui démarquait de par la fantaisie des couleurs, ou bien devait-il rester égal à lui-même et naturel, avec sa tenue « civile » de sorcier des temps modernes, un jean, un tee shirt et un blazer… Il se posa longuement la question pour finir par choisir la tenue dans laquelle il se sentirait le plus à l’aise. C’est ainsi qu’il foulait de son pied le marbre du hall d’entrée pour prendre son petit déjeuner, avec ses derbies en daim violette, son jean huilé noir taille slim, un tee shirt en col v mauve et une veste noir aux motifs satinés. Il venait prendre son petit déjeuner et pourtant il n’avait pas faim : le stress et son manque de confiance en lui avait coupé son appétit. Il ne resta donc pas longtemps dans la Grande Salle, et s’empressa de retourner dans son bureau où Fidelias, son ours daemon, l’attendait, sortant tout juste du sommeil (quel gros dormeur celui-là). Il sentit directement la détresse d’Adriano et pendant que ce dernier s’asseyait à son bureau pour relire ses notes pour le cours à venir, il vint poser sa grosse tête douce sur les genoux du sorcier, le remplissant de sa sérénité. La chose fonctionna tellement bien que l’esprit d’Adriano était devenu léger comme du coton ! Néanmoins, le piaillement de sa montre (oui, sa montre sifflait comme un oiseau aux différents horaires que son propriétaire choisissait, une petite création de notre enseignant), le réveilla de sa torpeur temporaire et i les dirigea d’un pas ferme et un peu raide vers la salle de cours, encore vide pour le moment, le cours ne commençant que 10 minutes plus tard.

Adriano s’installa donc à son bureau sur l’estrade au bout de l’allée et étala ses notes devant lui, essayant d’afficher un air naturel qui ne tromperait pourtant personne… Il avait failli oublier LE détail pour bien débuter le cours et sortit ainsi sa baguette de laquelle s’échappa une fumée légère et blanche. Cette dernière se déposa sur le sol parqueté de la salle de classe, prête à accueillir les pieds des élèves et leur faire tourner la tête (il s’agissait en effet d’un sortilège : quiconque pénétrait dans ce brouillard avait immédiatement l’impression d’avoir la tête en bas et les pieds en l’air : drôle d’impression pour un premier jour n’est-ce pas ?)